Y a t’il une différence entre une journée de travail et une journée de vacances ?

En cette période estivale, il est intéressant de se demander s’il y a une différence entre une journée de travail et une journée de vacances. Cette démonstration implacable va vous convaincre qu’il n’y en a pas à quelques détails près. Seuls les objectifs et la manière de faire sont différents, mais la méthode reste la même. Voici les dix paradigmes qui s’appliquent à ces journées. Analyse.

vacances-portable

La satisfaction du client

La priorité numéro 1 d’un projet, c’est la satisfaction du client ! Tous les jours, les équipes se mobilisent pour un seul et unique but : créer des fonctionnalités qui satisferont le client ! Pendant les vacances, l’objectif est le même, sauf que le client, c’est soi-même. La priorité numéro 1 des vacances, c’est de passer du bon moment pour soi et pour ses proches.

vacances-satisfaction

Paradigme n°1 : la satisfaction du client est toujours la priorité, seul le client change.

Les collègues

Que ce soit au travail ou en vacances, on a toujours des collègues, mais ce ne sont pas les mêmes. Au bureau, on ne les choisit généralement pas. Ils ont été sélectionnés pour leurs compétences professionnelles et se sont retrouvées dans votre projet parce qu’ils étaient disponibles au bon moment.

En vacances, on choisit ses collègues. D’ailleurs, on ne les appelle pas collègues, mais amis. Pas les amis qu’on a dans les réseaux sociaux qui sont en réalité des connaissances plus ou moins proches, des vrais amis. Des personnes que l’on a choisies. Il peut également y avoir de la famille. J’entend certains d’entre vous dire qu’on ne choisit pas sa famille. Mais bon, dans la plupart des cas, on a le choix de partir en vacances uniquement avec celle qu’on apprécie.

faire-des-grillades

Paradigme n°2 : on ne choisit pas ses collègues au travail, on les choisit en vacances.

Les rôles

Dans un projet, il y a le Product Owner qui est le responsable du projet. Il est chargé de recueillir le besoin qui doit être réalisé. Il y a ensuite le Scrum Master qui s’assure que le projet se réalise correctement. Et enfin, il y a l’équipe qui réalise. L’équipe est subdivisée en deux catégories, les cochons qui sont impliqués au quotidien sur le projet et les poulets qui interviennent plus ponctuellement.

AHYDYR Three generation family standing beside barbecue grill in garden adults raising wine glasses in toast smiling

En vacances, il existe exactement les mêmes rôles. Le Product Owner est le maître de maison, celui qui est l’organisateur des vacances et qui a invité tout le monde. Le Scrum Master est la maîtresse de maison. A l’inverse d’un projet classique, le Product Owner n’a qu’un titre honorifique. C’est bel et bien le Scrum Master qui dirige tout : du besoin à la manière de faire. Autre particularité : l’équipe est généralement composée uniquement de cochons. Tout le monde est prompt à aider, hormis le patriarche qui restera toujours assis sur sa chaise en attendant qu’on le serve et bien entendu les très jeunes enfants.

Paradigme n°3 : le rôle de Scrum Master est généralement plus confortable que le rôle de Product Owner.

Le repas

Au travail, le repas est un moment de décompression. Mais c’est surtout un moment perturbateur car, lorsque c’est l’heure du repas, on arrête de travailler. En plus, il y a une règle tacite qui interdit de parler travail durant cette période. Il faut que cette activité se finisse le plus vite possible pour pouvoir reprendre le travail le plus rapidement possible.

faire-un-barbecue-en-famille

En vacances, le repas est l’objectif numéro 1 de la journée. D’ailleurs, on utilise un autre terme pour le qualifier : le barbecue. Le matin est consacré à l’achat de la viande, la préparation des légumes, ou plutôt des pommes de terres car on ne va pas s’empoisonner les vacances avec des légumes quand même, l’installation de la table au bon endroit pour ne pas être dérangé par le soleil, le placement du parasol et, pour ceux qui ont un barbecue mobile, l’emplacement du barbecue pour ne pas être enfumé pendant la cuisson. Une fois ces étapes prêtes, un long moment d’attente grise tout le monde. Quand est-ce que l’on va pouvoir lancer le barbecue ? Une fois ce moment arrivé, c’est l’effervescence. L’un allume le barbecue, l’autre prépare l’apéritif. Bien entendu, les bouteilles sont déjà au frais et prêtes à sorti. L’apéritif durera tout le temps nécessaire pour que la viande soit cuite. C’est alors que le repas peut commencer. Celui-ci peut durer toute la journée, ce n’est pas un problème. De nombreuses bouteilles de vin sont à disposition pour faire durer ce moment le plus longtemps possible. Et, si elles ne sont pas suffisantes et que tout le monde est repus, c’est le moment de sortir l’arme secrète : le canard ! C’est au moment du canard que l’on peut mesurer le niveau de satisfaction du client. Il y a ceux qui en prennent et ceux qui n’en peuvent plus.

verre-digestif

Paradigme n°4 : le repas est l’élément perturbateur au travail et l’élément central en vacances.

Le respect de la qualité

La qualité est l’élément le plus important d’un projet. Elle doit être respectée à tout moment. C’est pour cela que l’on se dote dès le début du projet de nombreux indicateurs qualité que l’on suit au jour le jour pour voir si celle-ci ne dérive pas. Et si tel est le cas, des actions d’amélioration sont mises en oeuvre pour y remédier.

cuisson-au-barbecue

En vacances, c’est la même chose. La qualité reste essentielle ! Et en matière de qualité, l’indicateur le plus important, c’est la bonne cuisson de la viande sur le barbecue. Ainsi, si celle-ci est trop cuite, une action d’amélioration sera mise en place dès le lendemain : apporter plus d’attention à la cuisson de la viande pour éviter qu’elle soit de nouveau trop cuite. La mesure de cet indicateur est facile à faire.

Paradigme n°5 : la qualité est essentielle en toute situation !

Les activités

Au bureau, l’activité principale, hormis le travail lui-même, est la réunion, en particulier celle de 14 heures. Il est mal vu de faire la sieste au bureau. C’est d’ailleurs un problème culturel car dans d’autres pays, la sieste au bureau est une pratique habituelle. Des aménagement peuvent même être prévus à cet effet. Alors, pour palier à ce manque, on a mis en place la réunion de 14 heures, celle où tout le monde pique du nez, sauf l’orateur. Afin de répartir les efforts de chacun, on s’assure que l’orateur ne soit pas le même chaque jour. Une rotation s’opère pour que ce ne soit pas toujours les mêmes qui se reposent.

sieste-hamac

En vacances, le principe de transparence prime ! Pas de chichis ! Un bon repas doit se terminer par une bonne sieste. C’est une institution. D’ailleurs, chez certains, le canard s’appelle également le pousse-sieste.

Paradigme n°6 : la sieste est indispensable !

Le sprint planning

Afin d’éviter la monotonie, il est important de diversifier ses activités. C’est d’autant plus vrai dans le domaine du hi-tech où, bien que l’on fasse toujours le même type de travail, le contenu lui-même est très varié d’un jour à l’autre. La diversification se fait tout naturellement, c’est l’activité qui veut ça. Le sprint planning a lieu toutes les deux ou trois semaines pour identifier ces activités variées qui seront les priorités de réalisation pour les deux ou trois semaines qui viennent.

office-tourisme

En vacances, par contre, il faut faire un peu plus d’efforts car il faut trouver des activités différentes chaque jour. Le barbecue et la sieste ne suffisent pas pour une satisfaction complète du client. Il faut faire des sorties culturelles. Le sprint planning a lieu généralement tous les matins, pendant le petit déjeuner, avec le café. En vacances, il est en effet très rare de se projeter au-delà de la journée. Pour trouver de l’inspiration, l’office du tourisme est là pour vous aider. En période estivale, le choix est généralement pléthorique. Il y en a pour tous les goûts. Il suffit juste de se servir !

Paradigme n°7 : diversifier les activités, c’est naturel au travail, cela nécessite un effort en vacances.

Les indicateurs d’avancement

L’un des éléments clés d’un projet, ce sont les indicateurs d’avancement. D’ailleurs, ils ont une telle importance que les managers se focalisent essentiellement sur eux. L’agilité a d’ailleurs réservé une place de premier choix à ces indicateurs puisqu’il a inventé le management visuel. Le management visuel est un tableau visible de tous où toutes les tâches en cours sont affichées. Il permet de suivre le projet au jour le jour et voir si l’avancement est en phase avec les objectifs à atteindre. Comme il est affiché, il s’impose à tous. Personne ne peut dire qu’il n’était pas au courant.

satisfaction-vacances

En vacances, le management visuel est tabou ! Pas question de voir ça, ça rappelle trop le boulot. Et pourtant, il y a plein de tâches à réaliser. Le management visuel est remplacé par de la conversation et de la collaboration. Ceci est d’autant plus possible qu’en vacances, les tâches doivent toutes être terminées avant la fin de la journée. Et si elles ne le sont pas, ce n’est pas grave, elles seront abandonnées. En vacances, on ne se soucie pas de ce que l’on va faire le lendemain, ou alors, c’est une Epic qui devra être découpée en taches de réalisation le jour venu, comme par exemple, jardiner.

Paradigme n°8 : le management visuel est obligatoire au travail, il est remplacé en vacances par de la communication et de la collaboration.

La démo et la rétrospective

La démo et la rétrospective sont les deux cérémonies qui clôturent un sprint. La première permet de montrer ce qui vient d’être réalisé. La seconde est un moment où tout le monde se réunit pour savoir ce qui pourrait être mieux fait lors du prochain sprint.

Pendant les vacances, il ne sert à rien de faire une démo car tout le monde a vécu la réalisation. Dans les rares cas où l’équipe s’est séparée en deux groupes pour réaliser des activités différentes, lorsqu’elles se réunissent à nouveau, il y a un échange oral sur ce que chacun a vécu dans la journée, mais rien n’est montré. Il est assez rare de regarder les photos de la journée. Cette activité a plutôt lieu à la fin des vacances.

vodka

La rétrospective a généralement lieu après le dîner de manière informelle. Elle est accompagnée, selon les goûts, d’un bon cigare pour les fumeurs, d’un bon canard pour les alcooliques, si possible différent de celui du midi, ou d’une camomille pour les gens normaux. C’est le moment idéal pour refaire le monde. Il peut arriver que des idées d’activités émergent pour le lendemain, mais ce n’est pas la priorité de la rétrospective. Elle doit traiter, autant que possible, les problèmes de surface. Par exemple, le chômage monte, le président est nul mais l’ancien l’était tout autant, un jour ça va péter, Marion est jolie mais il ne faut pas l’écouter parler, etc…

Paradigme n°9 : pour clôturer une bonne journée, il faut, selon les goûts, un bon cigare, un bon canard ou une camomille.

La fin du projet

Finir un projet est l’objectif que tout le monde souhaite atteindre car cela signifie livrer le client avec le produit qu’il a commandé et donc le satisfaire, le but ultime. Tout le monde oeuvre pour que ce moment arrive le plus tôt possible et dans les meilleurs conditions. Chacun s’améliore pour atteindre ce but ultime. Une fois celui-ci atteint, les équipiers se séparent et démarrent de nouvelles aventures avec un nouveau projet et de nouveaux collègues. Dans de rares cas, si les personnes ne sont pas parties avant, une célébration alcoolisée est organisée.

glandage

Pendant les vacances, finir le projet cela signifie finir les vacances. C’est un moment que tout le monde redoute et cherche à éviter. Toutefois, le dernier jour est toujours réservé à une célébration digne du niveau des vacances passées. Petite particularité : le projet « les vacances » finit toujours dans les délais ! Même si ce n’est pas toujours dans le budget, celui-ci reste maîtrisé. Le Saint Graal que tout projet souhaite atteindre est atteint systématiquement pendant les vacances. Les vacances sont prédictives ! Les projets ont certainement quelques bonnes pratiques à retirer des vacances car en plus, l’équipe est généralement très satisfaite.

Paradigme n°10 : mieux vaut être en vacances qu’au travail.

Conclusion

Cette démonstration prouve de manière évidente qu’il n’y a pas de différence entre une journée de travail et une journée de vacances. Dans les deux cas, on fait les mêmes choses. Seuls quelques paramètres sont ajustés à la marge. N’êtes-vous pas d’accord avec moi ? Au final, après de bonnes vacances, reprendre le boulot, ce n’est pas si mal. Non ?

Si vous êtes toujours en vacances, profitez-en. Pour les autres, allez ouste, au boulot !

Franck Beulé
Coach Agile, expert des technologies de l’Internet et en ergonomie du Web

Mots clés :

Ajoutez un commentaire