Quand un datacenter brûle, Internet tremble et des sociétés souffrent ou meurent

Vous êtes peut-être passés à coté de l’information, mais l’un des Datacenters d’OVH situé à Strasbourg a entièrement brûlé laissant 3,6 millions de sites Web en panne ! Une première en France !

En résumé, le site est divisé en 4 Datacenters. Le premier a brûlé intégralement et tous les serveurs et données qui y étaient sont irrécupérables. Le second a brûlé partiellement, les deux tiers sont intacts. Les deux derniers sont intacts. Mais pour l’instant, les 4 Datacenters ne sont plus alimentés en électricité pour raisons de sécurité. Cela fait que 3,6 millions de sites Web sont inaccessibles.

Les entreprises concernées et qui utilisent ces sites pour faire leur travail sont lourdement impactées : l’outil de travail n’est plus disponible. Les Datacenters intacts vont rouvrir dans quelques jours et les données vont de nouveau être accessibles, mais cela reste une perte sèche d’activité. Auront-elles la possibilité de continuer à travailler quelques jours sans ces sites ?

Par contre, les entreprises qui avaient leurs serveurs dans les Datacenters qui ont brûlé sont dans une situation plus délicate. OVH se mobilise pour mettre en service le plus vite possible de nouveaux serveurs sur un autre Datacenter afin de reconnecter les sites, mais c’est sans les données. A charge à chaque client de reconfigurer le serveur, remettre l’application ET les données.

Les clients ont-ils une sauvegarde à jour de leur site, données comprises ? Sauvegarder ses données, c’est un travail coûteux et rigoureux, qui ne sert à rien dans 99,99% des cas. Beaucoup d’entreprises négligent ces sujets, voire ne sauvegardent rien. Les joueurs Européens de Rust de la société Eurogamers vont en avoir pour leurs frais car la société a annoncé que toutes les données de jeu étaient perdues à jamais. Nous sommes là dans les 0,01% des cas où la sauvegarde des données est indispensable. Dans ce cas d’école, la société Eurogamers est coupable de n’avoir fait aucune sauvegarde. Avoir une sauvegarde en temps réel, c’est peut-être compliqué. Mais il devrait au moins y avoir une sauvegarde quotidienne ou hebdomadaire. Là, rien ! Les joueurs vont devoir recommencer le jeu depuis le début ou plus probablement passer à un autre jeu d’une autre société.

D’autres sociétés, sans sauvegarde non plus, vont très certainement se retrouver dans une situation encore plus délicate. Si tout les fichiers clients, des produits et des commandes sont perdues, comment vont-elles survivre ? Lorsqu’en 2001 le World Trade Center a été détruit, une société a dû mettre la clé sous la porte car elle avait perdu toutes ses données. Et pourtant, elle faisait des sauvegardes. Mais celles-ci étaient stockées dans l’autre tour !

Les sociétés les plus prudentes sont très peu impactées malgré la gravité de l’événement. OVH propose un service de sauvegarde payant. Ceux qui y ont souscrit peuvent récupérer leurs données sans difficulté. Quant au bon fonctionnement du site, une bonne pratique est d’avoir un système de redondance. Le principe est plutôt que d’avoir un serveur qui fonctionne, en avoir deux, sur deux sites physiques différents. Comme ça, lorsque l’un tombe, l’autre prend le relais et c’est transparent pour l’utilisateur. Pour les sites à très fort trafic, ce ne sont pas deux serveurs qui répondent, mais des dizaines. Dans ce cas, l’incendie est un non événement. Les serveurs endommagés sont remplacés automatiquement par d’autres.

Cet incident majeur rappelle surtout que derrière le Cloud, il y a des serveurs physiques et comme toute chose physique, il y a des risques de pannes. L’hébergement de ces serveurs nécessite d’avoir une stratégie bien huilée. Cette stratégie est largement connue et éprouvée. Nous sommes dans un monde mature. Encore faut-il payer le prix adéquat pour la respecter. Les petites économies ça et là peuvent se payer cash !

Pour ce qui est de mes sites, ils ne sont pas sauvegardés automatiquement et j’avais négligé les sauvegardes manuelles ces derniers temps. Mes sites sont hébergés chez OVH, mais heureusement sur un autre Datacenter. Je n’ai donc pas été impacté. Mais par précaution, j’ai fait une sauvegarde complète hier soir.

Pour aller plus loin, je vous invite à lire l’article du journal du net « Incendie chez OVH : Octave Klaba expose son plan de reprise » et celui de Numerama « Le terrible incendie chez OVH rappelle l’enjeu de la redondance pour les sites web« .

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Après Webkit et Gecko, deux nouveaux moteurs de rendu Web font leur apparition

Le monde des moteurs de rendu Web est en pleine mutation. Cet élément, peu connu du grand public, est fondamental car ce sont ces moteurs qui permettent d’afficher les pages Web sur les navigateurs que nous utilisons tous les jours.

Jusqu’alors, le marché était divisé en quatre parts inégales :

  • Le moteur propriétaire de Microsoft qui anime les différentes versions d’Internet Explorer,
  • Le moteur Webkit utilisé par Chrome et Safari mais également la quasi totalité des navigateurs sur smartphones et tablettes,
  • Le moteur Gecko de la fondation Mozilla présent dans Firefox,
  • Le moteur Presto, propriétaire d’Opera et présent dans le navigateur eponyme.

En début d’année, Opera a jeté l’éponge et a annoncé abandonner ses développements internes pour se rallier au moteur Webkit.

Aujourd’hui, nous apprenons coup sur coup deux nouvelles.

Google a décidé de réaliser un fork de Webkit (c’est à dire créer un nouveau moteur indépendant en partant de la dernière version de Webkit) baptisé Blink. La raison invoquée est que l’actuelle version de Webkit ne permet pas d’insérer facilement les innovations que crèe tous les jours Google. Opera a annoncé se rallier immédiatement à Blink. Blink risque donc de devenir rapidement la nouvelle référence du Web au détriment de Webkit.

Enfin Mozilla a annoncé un partenariat avec Samsung pour le développement de son nouveau moteur Servo dont les travaux ont commencé il y a deux ans. Ce moteur est développé à l’aide d’un nouveau langage, Rust, en remplacement de C++. Il permet, selon Mozilla, de mieux paralleliser les opérations. Il devrait à terme remplacer Gecko.

Le monde des moteurs de rendu devrait donc rapidement ressembler à cela :

  • Internet Explorer de Microsoft toujours fidèle au poste et indépendant, même s’il y a eu des rumeurs de changement en début d’année,
  • Blink, la nouvelle référence du Web, porté par Google qui avait déjà révolutionné le Javascript avec le moteur V8,
  • Servo, le remplaçant de Gecko, piloté par Mozilla et sponsorisé par Samsung,
  • Webkit, qui survivra peut-être et qui a notamment le soutien d’Apple.

Pour en savoir plus, lisez les deux articles de Clubic, sur l’annonce de Blink par Google et l’annonce du partenariat Samsung – Mozilla pour Servo ou les articles équivalents de 01Net, respectivement Blink et Servo. L’article de PcINpact est intéressant car il traite plus en détail des conséquences de la décision de Google de passer à Blink.

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