Installer un poêle à granulés : bon plan ou plan galère ?

J’ai installé un poêle à granulés dans mon salon. Mon expérience est mitigée. Il y a clairement de forts avantages mais aussi des inconvénients importants. Je vous propose de vous partager avec du recul les cotés positifs et négatifs de mon expérience maintenant que mon installation a 5 ans.

Ce que j’ai acheté

Le modèle que j’ai acheté en 2020 est le Freepoint Breeze Airtight, le modèle en illustration de cet article, d’une puissance de 9,1 Kw, adapté pour les surfaces supérieures à 80 m2.

Pour ne pas prendre de risques, j’ai fait ma commande chez Leroy Merlin avec l’installation comprise par un installateur agréé. Prix de base du poêle 2690 €. Mais en tenant compte de tous les accessoires nécessaires et l’installation, la facture globale s’élève à 5437 €, plus du double. Le devis a été réalisé suite à une visite technique de l’installateur qui est ensuite revenu pour faire l’installation une fois le matériel reçu. Un financement écologique de l’état était proposé sous forme de remboursement a posteriori, géré par Leroy Merlin Energie qui n’existe plus aujourd’hui, pour un montant de 825 €. Quelque chose de très simple sur le papier. Il ne me restait plus qu’à acheter les sacs à granulés au coût unitaire de 3,89€ pour 15 kgs. La seule inconnue était le nombre de sacs dont j’avais besoin. Mon expérience a démontré que je consommais 40 sacs par an, soit environ 160€ mais je ne chauffe pas très fort. Il se vend beaucoup de palettes de 72 sacs, ce qui doit correspondre au standard de consommation annuel.

J’ai choisi comme emplacement le milieu de ma pièce de vie afin que la chaleur se diffuse plus facilement. Il est installé à 10 cms du mur et s’intègre bien dans l’espace de ma pièce de vie. Il a fallu que je transperse le plafond pour l’aération et l’évacuation des fumées. Je chauffe ainsi ma grande pièce de vie, mais pas les chambres ni l’autre étage. Il aurait fallu pour cela que j’installe tout un système de tuyauterie pour diffuser la chaleur, un projet d’une autre envergure. Je chauffe donc exclusivement avec le poêle ma grande pièce de vie, mais j’ai également un chauffage au gaz de ville pour les autres pièces.

Les avantages du poêle à granulés

Le grand avantage du poêle à granulés, c’est qu’il est possible de programmer les heures de chauffe. L’interface permet de régler 6 horloges ce qui est largement suffisant pour programmer toutes les situations qui nous intéressent : journée de travail, week-end, absence… Et, si l’on a un peu froid, on allume le poêle et 10 minutes après, on ressent la chaleur dans la pièce. De la même manière, s’il fait trop chaud, d’un simple appui sur un bouton, il s’éteint.

Le poêle permet de ne chauffer que quand on est là. C’est une sacré économie !

L’autre gros avantage, c’est que l’on peut profiter de la flamme… un peu comme un feu de cheminée. C’est esthétiquement agréable.

Les inconvénients du poêle à granulés

Les inconvénients sont nombreux et il faut en tenir compte dans son choix.

Tout d’abord logistique : il faut des sacs de granulés. Chaque sac pèse 15 kgs et il en faut entre 40 et 70 par an, à acheminer jusqu’à chez soi, à stocker dans un lieu sec puis à verser dans le poêle pour le recharger. Un sac dure entre un et quatre jours selon la température extérieure. Quand l’appareil est vide, il s’arrête. C’est logique. On doit donc surveiller régulièrement sa consommation et recharger au bon moment.

A chaque recharge, il faut nettoyer le poêle. Ce n’est pas très long, mais c’est une charge de travail qui se répète entre 40 fois et 70 fois par an.

Le poêle n’est pas silencieux. Il fait du bruit, plus au moins, notamment pendant sa phase de refroidissement qui dure 30 minutes. Ce n’est pas anodin.

Il faut trouver les magasins qui ont du stock de granulés. Ce n’est pas disponible toute l’année. Il faut chasser les promos et toujours avoir des sacs d’avance. Certes, il est possible de se faire livrer par Internet, mais bizarrement, les prix sont extrêmement plus élevés. Cela change l’équation économique.

Les charges d’entretien ne sont pas négligeables. Vos granulés ne sont pas stockés dans un endroit assez sec ? Votre poêle va tomber en panne avant la fin de la saison. Chaque année, vous devez faire un entretien / ramonage complet obligatoire, sinon l’assurance ne vous couvrira plus. Et l’électronique est fragile. Au bout de 5 ans, l’appareil tombe en panne. Les sociétés qui s’occupent de l’entretien ne tiennent pas longtemps ce qui nécessite d’en trouver d’autres.

Dernier détail : vous ne pouvez pas partir trop longtemps en vacances l’hiver. Vous pouvez certes programmer les moments de chauffe, mais le bac ne permet de remplir que 15 kgs de granulés. Une fois brûlés, l’appareil s’éteint. Alors, il faut limiter la durée de chauffe. Le programmateur fonctionne avec les jours de la semaine donc je ne peux pas programmer au-delà de 7 jours, mais je peux répéter une programmation tous les jours ou tous les 7 jours. Cela ne m’a pas posé de problème particulier jusque là.

Et le poêle à bois, le cousin du poêle à granulés ?

Le poêle à bois fonctionne de la même manière, mais avec des buchettes, c’est à dire des petites buches de 30 cms, plus coûteuses que les coupes classiques à 50 cms ou 1m.

Personnellement, cela ne m’a pas convaincu. En termes logistique, il faut acheminer et stocker un volume de bois plus important. Mais surtout, il n’y a pas cet effet on/off que l’on a avec le poêle à granulés. Lorsqu’on allume un poêle à bois, il faut attendre beaucoup plus longtemps pour ressentir la chaleur dans la pièce. Et on ne peut pas l’éteindre en appuyant sur un bouton. Il faut attendre que la buche soit entièrement brûlée.

Autant je trouve cela un plaisir lorsqu’on fait un feu de cheminée le week-end pour profiter d’un espace convivial. Autant devoir gérer cela chaque jour de l’hiver, plusieurs fois par jour, à transporter des buches pour recharger le poêle à chaque fois qu’il en a besoin, je trouve cela trop contraignant. Un de mes collègues stocke 10 stères, 5 par an qu’il fait sécher pendant un an avant de les utiliser. Cela ne prend pas la même place !

Mes mésaventures

Ce qui me laisse un goût amer, c’est que j’ai connu de nombreuses mésaventures avec ce poêle. Certes, tout arrive à se résoudre. Mais émotionnellement, cela a été une charge importante.

Défaut d’installation

Trois jours après l’installation, j’ai subi un dégât des eaux très important. Dès le premier orage, un torrent d’eau a déferlé dans mon salon le long de la gaine d’évacuation des fumées.

L’installateur n’a pas su étanchéifier le trou qu’il a fait pour installer le tube et l’eau s’est engouffrée, à gros volume. Heureusement, j’avais dans mes contacts un spécialiste de l’isolation de toit et qui est venu expertiser l’installation. Il a confirmé que celle-ci n’avait pas été faite dans l’état de l’art. De plus, il a constaté que les tubes chauds touchaient le polystyrène isolant entre le plafond et le toit ce qui aurait occasionné quelques jours ou semaines plus tard, un incendie dans la maison. Les assurances sont intervenues. Il s’est avéré que la société n’était pas assurée pour les installations sur un toit plat. C’était la première fois qu’ils faisaient une telle installation. Tous les frais de réparation ont été à leur charge. Heureusement pour moi, ils ont payé et mon problème a été résolu.

Défaut de configuration

Ma première année a été un enfer. Le poêle chauffait et, lorsque la pièce était à température, s’éteignait. A chaque extinction, la phase de refroidissement de 30 minutes du poêle occasionnait un bruit important, insupportable à la longue. Puis, la pièce se refroidissait et… le poêle se rallumait. Notre nouveau compagnon était vraiment envahissant ! Chaque jour, il s’allumait et s’éteignait plusieurs fois, ce qui n’était pas bon pour le démarreur.

C’est ainsi que j’ai connu ma première panne, avant même la fin de la saison hivernale, nécessitant l’intervention d’un réparateur. La panne était due à deux facteurs : les granulés qui étaient stockés dans un endroit trop humide et l’allumage / extinction intempestif de l’appareil.

Pour le premier problème, j’ai dû me résoudre à changer le lieu de stockage de mes granulés. Et pour le second, c’était une simple erreur de configuration. Lorsque la pièce est à température, il ne faut pas que le poêle s’éteigne, juste qu’il réduise sa puissance pour conserver la température.

Un dossier de financement écologique cumulant les refus

Faire cet achat me donnait droit à une subvention de l’état. Il suffisait que je fasse un dossier et le tour était joué. Comme j’ai acheté chez Leroy Merlin et que j’ai monté le dossier avec Leroy Merlin Energie, je pensais que ce ne serait qu’une formalité. Je me suis totalement fourvoyé. Ce sont deux sociétés sont totalement différentes et ne communiquent pas entre elles. Pour ce qui est de la seconde, elle n’a pas de service client et prend un délai fou à traiter le dossier pour in fine le rejeter avec un motif farfelu à chaque fois.

Au bout de 4 refus, j’ai réussi à obtenir un rendez-vous avec le responsable « Chauffage » de Leroy Merlin qui était sidéré lui aussi de comment j’avais été traité et des motifs des refus. Il m’a fait un geste commercial du montant de la subvention, ce qui a clôturé le sujet pour ma part… mais avec un échec quand même !

Une variation importante des prix des granulés

En 2022, deux événements simultanés ont généré une explosion du prix des granulés : la guerre en Ukraine et la pénurie des granulés. Les prix se sont affolés et le paquet de 15 kgs est passé de 3,89 € à 13,5 € soit 350% d’augmentation. Certes, les prix des autres énergies ont aussi explosés. En raison de la pénurie, la vente des sacs était rationnée. Il était très difficile d’en trouver, même chers. En bon chasseur de promos, j’ai acheté 20 sacs à 10,5 € et 3 mois plus tard, 20 sacs à 9,5 €. J’ai limité les dégâts. En 2023, j’ai régulièrement trouvé des sacs à 7,5 €, mais il fallait les trouver car les promos sont très ponctuelles. En 2024, j’ai acheté mes sacs, entre 4,6 € et 5,5 €, de nouveau des tarifs raisonnables. On ne les trouve pas partout à ce prix.

Alerte presostats

Lorsque le poêle s’arrête avec le message « Alerte presostats », les ennuis commencent. Et malheureusement, cela arrive assez souvent. Cette alerte signifie que l’un des capteurs a détecté une anomalie. Les possibilités d’anomalies sont énormes. Le manuel conseille de consulter un réparateur lorsque cela arrive. Si j’avais dû appeler un réparateur à chaque Alerte presostats, je pense que j’aurai fini par l’héberger chez moi. Dans de nombreux cas, une simple relance suffisait pour que ça reparte. Mais parfois, l’alerte était tenace. Soit cela se résolvait naturellement le lendemain, soit il fallait que je fasse venir un réparateur.

Perte de pédales

Il est arrivé régulièrement que l’appareil perde les pédales et ne fonctionne plus du tout. Le remède pour le remettre en état : le débrancher pendant 24 heures. Cela permet généralement de repartir sur de bonnes bases. En attendant, on ne peut plus chauffer.

Ma dernière panne est un afficheur défaillant, un peu comme s’il y avait un faux contact. Dès fois, ça s’affiche, dès fois pas. Une petite tape sur l’écran et ça repart. Ou pas… Ce phénomène s’est reproduit de plus en plus souvent en fin de cinquième saison. A ce jour, mon afficheur ne fonctionne plus, les boutons avec. J’ai fait appel à nouveau au réparateur. Bien qu’on soit hors saison, je dois attendre 3 mois pour avoir un rendez-vous… le 16 octobre, juste au moment du redémarrage de la saison hivernale.

En conclusion, ai-je fait le bon choix ?

Les pannes successives que j’ai subies m’ont laissé un goût amer. Il y a également le bruit et la logistique qui est importante. Arrivé à un certain âge, je ne pourrai probablement pu porter tous ces sacs. J’ai donc un avis mitigé.

Mais quel plaisir, d’une simple pression de bouton, d’allumer ou d’éteindre le poêle et de pouvoir le programmer aux heures de présence uniquement. Cela fait de sacrés économies. Il ne sert à rien de chauffer la maison lorsqu’on n’est pas là. Et quand je vois les factures de gaz que j’ai en parallèle pour chauffer les autres pièces, je me dis que je gagne quand même un peu.

Quelle alternative réelle existe t’il ? On me parle de pompe à chaleur. C’est à étudier de près. Mais ce genre d’installation est plus adapté pour une maison neuve ou une grosse rénovation…

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